Tournus - Eglise Sainte Madeleine
SAINTE-MADELEINE dans le quartier sud.
Anciennement nommée « Sainte Marie du Châtel », cette église est située au sud de Tournus. Elle a pu remplacer une église plus ancienne de l’ancien quartier fortifié du castrum qui servit d’abri, au temps de l’invasion hongroise, à la population et aux moines de l’Abbaye. Sa construction à l’époque romane a sans doute été inspirée par l’architecture de la grande abbaye, en particulier les arcatures qui entourent le chœur qui étaient ouvertes et la petite coupole en dessous du clocher.
D’après la thèse de B. Saint-Jean-Vitus, l’église daterait de la fin du XIe siècle, elle a probablement été précédée d’une autre église préfigurant la «fonction paroissiale», peut-être elle-même établie à la place d’un temple comme il en existait en tout lieu d’implantation romaine. Le Châtel n’apparaît dans les textes comme paroisse qu’en 1215 et son siège est situé dans l’église Sainte-Marie en 1295.
Début XVe au plus tard le vocable Sainte-Marie-Madeleine remplace celui de Sainte-Marie. Au cours de ce siècle elle subit divers remaniements : construction de la voûte de la nef, ouvertures et aménagements gothiques. Dans les archives de l’Hôtel-Dieu on peut lire que Les habitants proches de l’église de Sainte Madeleine pensaient posséder devant la maison Desplains, la pierre même sur laquelle Saint Valérien avait été martyrisé parce qu’elle était tachée de rouge. Cette maison ayant été léguée avec la pierre par la veuve Desplains à l’hôpital où elle s’était retirée, les responsables se mirent en devoir de la déménager pour la transporter dans la chapelle de l’hôpital. Les habitants firent alors opposition à son transport considérant que le quartier se verrait privé d’une importante protection présente depuis un temps immémorial. Le prétexte qu’elle était exposée à des impiétés, ayant été invoqué en faveur de son déplacement, ils demandèrent alors qu’elle reste dans leur église. Mais ils furent déboutés de leurs prétentions et la pierre fut placée dans l’autel de la chapelle.
On ignore ce qu’elle est devenue, mais on voit ainsi dans ce quartier la popularité du saint martyr du Tournugeois. Il existait une société de prêtres au XVIIIe siècle qui aidait au fonctionnement de la paroisse et était chargée en particulier de l’éducation des enfants pauvres pour les préparer à la carrière ecclésiastique. Les sociétaires possédaient une armoire qui ne pouvait s’ouvrir qu’en la présence de tous, car chacun possédait une des différentes clés nécessaires à son ouverture. Au moment de la Révolution, son curé, Nicolas Nicolas, resta le dernier curé de toute la commune, car il avait prêté serment.
Après une vaine tentative d’utilisation profane, la période révolutionnaire passée, les habitants du quartier essayèrent et finirent par obtenir la reconnaissance du lieu comme succursale de la paroisse saint Philibert, au XIXe. Une partie du mobilier de l’église des Récollets située quelques centaines de mètres au sud fut replacée dans cette église : des tableaux transférés plus tard à l’abbatiale, dont un attribué à Greuze et les deux statues dorées de la Vierge et de Sainte Marie-Madeleine qu’on peut voir encore dans l’église.